07/12/2011

La Nausée - Jean Paul Sartre

La Nausée - Jean Paul Sartre

La Nausée de Jean Paul Sartre a été publié la première fois en 1938 en langue française.


Le livre:  Ecrit en 1938, c’est le premier roman de Sartre qui lui valut son entrée dans le monde des écrivains de renom.


Le livre est un journal intime sous la plume d’Antoine Roquentin, homme solitaire vivant à Bouville et travaillant sur l’écriture d’un livre sur la vie du Marquis de Rollebon.
Ses journées se succèdent et puis vient le jour où il se retrouve face à un état psychologique des plus mornes. Un sentiment profond de conscience vient l’habiter, lui accentuant sa sensibilité face à tout ce qui l’entoure. Il ne ressent plus que dégoût face à tout ce qui existe, et ces sentiments qui lui collent à la peau, il les décrit tout simplement sous le nom de Nausée. 
Cette nausée ne le quittera presque plus. Elle finit par revenir même après un rare et bref instant de calme.
Roquentin se trouve alors confronté à une absence totale de sentiments humains. Il n’arrive plus à éprouver ni empathie ni affection, même après la rencontre de « l’Autoditacte », le fervent humaniste. Mais rien n’y fait, son individualisme et son nihilisme sont plus que jamais prononcés.

Certes nous ne faisons que lire les lamentations d’un homme seul et lassé de l’existence mais « La nausée » nous expose parfaitement la vision existentialiste de Sartre. Elle y est précisément décrite et le lecteur se trouve absorbé dans le monde tel que le voit Roquentin, un monde vide et rempli de futilités. « Tout sens que nous attribuons aux choses est arbitraire » dit-il.

Après lecture, on se retrouve plus que jamais habité par toutes ces paroles obsessives et répétitives certes, mais qui finissent par nous toucher quelque part en nous. Là où règne une zone d’ombre qui ne cesse de nous rappeler que nous ne sommes à la fois qu’un brin de poussière mais que par une échappatoire que nous pouvons (ou devons) choisir, nous finissons par surmonter cet état insignifiant des choses et donner un certain sens au verbe « être ».

Sartre a mis huit années pour achever l’écriture de son roman. Partant d’un projet philosophique, il finit par lui donner un aspect romanesque en s’influençant de Kafka, Céline, Queneau…
Et malgré et peut être même grâce à son fervent existentialisme,  il a réussi à créer une œuvre remarquable parmi d’autres, à marquer les esprits et à laisser sa trace dans un monde qui lui était pourtant indifférent mais qu’il a réussi à vaincre dans un sens et à y être noble.


Extraits:
"Voilà ce que j'ai pensé : pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter. C’est ce qui dupe les gens : un homme, c’est toujours un conteur d’histoires, il vit entouré de ses histoires et des histoires d’autrui, il voit tout ce qui lui arrive à travers elles ; et il cherche à vivre sa vie comme s’il la racontait. Mais il faut choisir : vivre ou raconter.. Quand on vit, il n’arrive rien. Les décors changent, les gens entrent et sortent, voilà tout… Mais quand on raconte la vie, tout change ; les évènements se produisent dans un sens et nous les racontons en sens inverse. On a l’air de débuter par le commencement : « C’était un beau soir de l’automne de 1922 . J’étais clair de notaire à Marommes », et en réalité, c’est par la fin qu’on a commencé."


"Je pense, lui dis-je, que nous voilà, tous tant que nous sommes, à manger et à boire pour conserver notre précieuse existence et qu’il n’y a rien, rien, aucune raison d’exister… L’autodidacte répondit que la vie a un sens si on veut bien lui en donner un. Il faut d’abord agir, se jeter dans une entreprise. Il y a un but, Monsieur, il y a un but… il y a les hommes."

1 commentaires:

A.D a dit…

Il y a un parallèle "hasardeux" qui m'a sauté aux yeux hier quand j'ai lu ton texte, entre Sartre et...la bible et spécifiquement le livre de l'écclésiaste. Il y a dans ce livres des passages qui m'avaient paru très "existentialistes":

1.1
Paroles de l'Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem.
1.2
Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.
1.3
Quel avantage revient-il à l'homme de toute la peine qu'il se donne sous le soleil?
1.4
Une génération s'en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours.
[...]

1.13
J'ai appliqué mon coeur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux: c'est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l'homme.
1.14
J'ai vu tout ce qui se fait sous le soleil; et voici, tout est vanité et poursuite du vent.
1.15
Ce qui est courbé ne peut se redresser, et ce qui manque ne peut être compté.
1.16
J'ai dit en mon coeur: Voici, j'ai grandi et surpassé en sagesse tous ceux qui ont dominé avant moi sur Jérusalem, et mon coeur a vu beaucoup de sagesse et de science.
1.17
J'ai appliqué mon coeur à connaître la sagesse, et à connaître la sottise et la folie; j'ai compris que cela aussi c'est la poursuite du vent.
1.18
Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur.

[...]
9.9
Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité, que Dieu t'a donnés sous le soleil; car c'est ta part dans la vie, au milieu de ton travail que tu fais sous le soleil.
9.10
Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le; car il n'y a ni oeuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas."

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