26/12/2011

La part de l'autre - Eric Emmanuel Schmitt

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La part de l'autre - Eric Emmanuel Schmitt
La part de l'autre d'Eric Emmanuel Schmitt a été publié la première fois en 2001 en langue française. 

Le livre: Avec ce roman sorti en 2003, Schmitt a officiellement pris place dans le palmarès des écrivains français contemporains. La part de l’autre est une œuvre sous forme de biographie romancée d’Adolf Hitler.
Nous avons là, les deux destins différents qu’auraient pu avoir l’un des personnages les plus controversés de l’histoire. En effet, ce roman est divisé en deux parties évoluant en parallèles et retraçant ce qu’a été le vrai vécu d’Hitler d’un côté, et d’un autre ce qu’il aurait pu être si « l'un des membres du jury de l'École des beaux-arts de Vienne n’aurait pas prononcé la phrase « Adolf Hitler : recalé » ».

La part de l’autre est un incroyable exemple de la théorie de l’effet papillon, car là l’auteur prouve avec ingéniosité l’importance que peut avoir un seul jugement dans la vie d’un être tout à fait normal.
On se retrouve alors devant l’hypothèse que si Adolf Hitler  n’avait jamais été recalé pour son concours d’entrée en écoles de beaux-arts, il serait devenu artiste et aurait même rencontré Sigmund Freud pour soigner sa timidité obsessive envers les femmes ! On assiste alors à la décadence d’une personne fortement affectée par le jugement des autres et qui finira par renier toute compassion envers son espèce. On voit bien aussi que le roman de Schmitt ne se contente pas d’être un « deux romans en un » mais aussi un très bon traité de psychanalyse, surtout que nous avons là l’un des personnages les plus intéressants en la matière.

Les ravages de la guerre, la psychologie des dictateurs, le rôle de la sexualité dans la psychologie de l’individu, la spiritualité et la destinée, un mélange tout à fait prodigieux qui constitue ce roman à grand succès. A lire et à méditer !

Extraits:
"-Soeur Lucie, vous appelez divin tout ce qui réussit et humain tout ce qui rate."

"-Oui monsieur, je suis un parfait imbécile, je ne le cache pas et je ne cherche pas à m'échapper de l'asile dans lequel je passe ma vie. Au contraire, je l'explore. C'est même cela, monsieur, le surréalisme."

 "-Rien de plus égoïste qu'un nourrison. Il tend la main, il arrache, il broie et porte tout à se bouche. L'être humain au premier jour est un monstre sans conscience car sans conscience d'autrui. Nous avons tous commencé par être des tyrans. C'est la vie en nous contredisant, qui nous a domestiqués.

" Un homme est fait de choix et de circonstances. Personne n'a de pouvoir sur les circonstances mais chacun en a sur ses choix. "

07/12/2011

La Nausée - Jean Paul Sartre

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La Nausée - Jean Paul Sartre

La Nausée de Jean Paul Sartre a été publié la première fois en 1938 en langue française.


Le livre:  Ecrit en 1938, c’est le premier roman de Sartre qui lui valut son entrée dans le monde des écrivains de renom.


Le livre est un journal intime sous la plume d’Antoine Roquentin, homme solitaire vivant à Bouville et travaillant sur l’écriture d’un livre sur la vie du Marquis de Rollebon.
Ses journées se succèdent et puis vient le jour où il se retrouve face à un état psychologique des plus mornes. Un sentiment profond de conscience vient l’habiter, lui accentuant sa sensibilité face à tout ce qui l’entoure. Il ne ressent plus que dégoût face à tout ce qui existe, et ces sentiments qui lui collent à la peau, il les décrit tout simplement sous le nom de Nausée. 
Cette nausée ne le quittera presque plus. Elle finit par revenir même après un rare et bref instant de calme.
Roquentin se trouve alors confronté à une absence totale de sentiments humains. Il n’arrive plus à éprouver ni empathie ni affection, même après la rencontre de « l’Autoditacte », le fervent humaniste. Mais rien n’y fait, son individualisme et son nihilisme sont plus que jamais prononcés.

Certes nous ne faisons que lire les lamentations d’un homme seul et lassé de l’existence mais « La nausée » nous expose parfaitement la vision existentialiste de Sartre. Elle y est précisément décrite et le lecteur se trouve absorbé dans le monde tel que le voit Roquentin, un monde vide et rempli de futilités. « Tout sens que nous attribuons aux choses est arbitraire » dit-il.

Après lecture, on se retrouve plus que jamais habité par toutes ces paroles obsessives et répétitives certes, mais qui finissent par nous toucher quelque part en nous. Là où règne une zone d’ombre qui ne cesse de nous rappeler que nous ne sommes à la fois qu’un brin de poussière mais que par une échappatoire que nous pouvons (ou devons) choisir, nous finissons par surmonter cet état insignifiant des choses et donner un certain sens au verbe « être ».

Sartre a mis huit années pour achever l’écriture de son roman. Partant d’un projet philosophique, il finit par lui donner un aspect romanesque en s’influençant de Kafka, Céline, Queneau…
Et malgré et peut être même grâce à son fervent existentialisme,  il a réussi à créer une œuvre remarquable parmi d’autres, à marquer les esprits et à laisser sa trace dans un monde qui lui était pourtant indifférent mais qu’il a réussi à vaincre dans un sens et à y être noble.


Extraits:
"Voilà ce que j'ai pensé : pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter. C’est ce qui dupe les gens : un homme, c’est toujours un conteur d’histoires, il vit entouré de ses histoires et des histoires d’autrui, il voit tout ce qui lui arrive à travers elles ; et il cherche à vivre sa vie comme s’il la racontait. Mais il faut choisir : vivre ou raconter.. Quand on vit, il n’arrive rien. Les décors changent, les gens entrent et sortent, voilà tout… Mais quand on raconte la vie, tout change ; les évènements se produisent dans un sens et nous les racontons en sens inverse. On a l’air de débuter par le commencement : « C’était un beau soir de l’automne de 1922 . J’étais clair de notaire à Marommes », et en réalité, c’est par la fin qu’on a commencé."


"Je pense, lui dis-je, que nous voilà, tous tant que nous sommes, à manger et à boire pour conserver notre précieuse existence et qu’il n’y a rien, rien, aucune raison d’exister… L’autodidacte répondit que la vie a un sens si on veut bien lui en donner un. Il faut d’abord agir, se jeter dans une entreprise. Il y a un but, Monsieur, il y a un but… il y a les hommes."

13/08/2011

Il faut qu'on parle de Kevin - Lionel Shriver

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Le livre: C'est un livre à ne surtout pas rater pour tous les amateurs de psychologie (de l'adolescence, de la famille et de la société) et des histoires à rebondissements. Eva menait quasiment la vie parfaite: l'homme idéal, la maison idéale à l'Upper East Side et un job de rêve. Mais vient le jour où le couple, précisément Franklin le mari, se trouve confronté à "une crise existentielle". Celle-ci finit par aboutir à la conception d'un enfant. Eva avait consenti au voeux de son mari plus par défi qu'autre chose. Elle pensait avant tout au bonheur de son homme. Sauf que cette décision annonçait le début de la fin de sa vie. Une chute libre s'en suit. Elle perdra à jamais sa vie quasi parfaite; ses tours du monde et l'attention de son mari. Elle se retrouve avec un fils pour qui elle ne ressentira presque rien de maternel, un fils qui se trouve être dans la même position, en pire. Kevin sera tout sauf un "enfant normal" . Il ne fera qu'essayer de l'être, surtout face à son père qui lui fera confiance aveuglément, au point de perdre toute complicité avec sa femme et de mettre son mariage en péril.Ce livre arrive à poser une infinité de questions à travers les lettres d'Eva à son mari. Sommes-nous toujours le fruit de notre éducation ? Pouvons nous naître avec le gène de l'indifférence totale encré en nous ? Y a-t-il des limites à poser à la compréhension des "criminels" ? Que ferions-nous de notre quotidien, de notre vie, s’il n’y avait pas ceux des autres à observer? 


Extraits:
"Ben voilà, c'est comme ça. On se réveille, on regarde la télé, on monte en voiture, 
on écoute la radio. On va à son petit boulot, ou dans sa petite école, mais de cela on n'entendra pas parler aux infos de six heures vu que, devinez : il ne se passe rien en vérité. On lit le journal, et si on n'est pas trop dans ce genre de truc, on lit un livre, ce qui est exactement la même chose que regarder la télé, mais en encore plus rasoir. On passe la nuit devant la télé, ou bien on sort pour aller regarder un film, et peut être qu'on aura un coup de fil qui permettra de raconter à des amis ce qu'on a regardé. Et vous savez, c'est devenu tellement grave que j'ai remarqué les gens, à la télé, dans le poste : la moitié du temps, ils sont en train de regarder la télé. Et quand on a droit à une histoire d'amour dans un film, ils font quoi ? Ils vont regarder un film. Tous ces gens, Marlin... (Et d'interpeller l'interviewer d'un hochement de tête) ... ils regardent quoi?"  Après un blanc gêné, Marlin a meublé : "A vous de nous le dire, Kevin.
 -Des gens comme moi."

20/07/2011

Crime et Châtiment - Fédor Dostoïevski

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Crime et Châtiment - Fédor Dostoïevski
Crime et châtiment par Fédor Dostoïevski est apparu la première fois en 1866 en langue russe.

Le livre: Il y a quelques temps, même très récemment quand je m’étais mise à lire « Voyage au bout de la nuit » de Céline, j’étais certaine que je n’aimerais jamais ces grands livres qui racontent chaque bribe de la vie d’un personnage qui souvent n’est qu’un vil et misérable homme. Et puis je lus du Doestoïevski. Une plume légère et raffinée mais ô combien noble. Et ce Rodia, cher Rodia…Comme pour chaque livre que j’apprécie beaucoup, ce personnage n’est pas prêt de quitter ma vie de si tôt. A travers cette lecture, j’ai été le Dr. Eckleburg pétersbourgeois de Crime et Châtiment. Je me suis baladée du trou où habitait Raskolkinov jusqu’à la Sibérie. J’ai senti la misère des habitats, la débauche des cabarets et plus que tout la fièvre chaude de Rodion. J’ai même failli verser une larme tout au long de la dernière partie. Dostoïevski a tout simplement l’art de transmettre la réalité dans tout ce qu’elle a d’unique et de vrai mais avec une simplicité ingénieuse. A chaque parole d’un personnage, on se sent aspiré en lui. Crime est châtiment, avant d’être un témoignage de l’Homme pauvre et solitaire et du monde en général qui le berce, est avant tout une grande expérience pour celui qui saurait l’apprécier, non pas pour sa dureté mais pour ce qu’elle apporte en général de sentiments divers et confus, de leçons de vies.

 Extraits:
"L"homme s'habitue à tout, le lâche."

"Ce n'est pas devant toi que je me suis prosterné mais devant toute la souffrance humaine."

"Vois-tu, je ne cessais de me demander alors pourquoi j'étais si bête que, sachant que les autres le sont et en étant sûr, je ne cherchais pas à être moi-même plus intelligent qu'eux. J'ai appris par la suite, Sonia, que s'il fallait attendre que tous fussent devenus intelligents, il faudrait attendre trop longtemps...Puis j'ai appris aussi que cela ne sera jamais, que les hommes ne changeront pas, qu'il n'y a personne pour les changer et que cela n'en vaut pas la peine ! Oui, c'est ainsi ! C'est pour eux une loi... une loi, Sonia ! C'est ainsi ! Et je sais maintenant, Sonia, que celui qui est fort et ferme dans son âme et par son intelligence, celui-là est aussi leur maître ! Celui qui ose beaucoup a raison à leurs yeux. Celui qui peut mépriser le plus fait la loi chez eux, et celui qui peut oser le plus, celui-là a le plus raison. C'est ainsi qu'il en était jusqu'à présent, et il en sera toujours ainsi !"

11/07/2011

En attendant Godot - Samuel Beckett

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En attendant Godot - Samuel Beckett
En attendant Godot de Samuel Beckett est apparu la première fois en 1953 en langue française. 

Le livre: Qu'y a-t-il vraiment à dire de cette pièce de théâtre ? Si ce n'est qu'on l'aime ou on ne l'aime Pas.
Non amateurs de l'absurde s'abstenir. En attendant Godot est la retranscription quasi parfaite de moments précis de notre vie si ce n'est d'une grande part de notre vie, son quotidien précisément. L'attente, la solitude, les autres. Tels sont pour moi les principaux thèmes abordés dans cette pièce à travers ses personnages. Beckett peint le tableau des hommes à la vie vile. Notre vie. Un ensemble de petits riens (des objets ; des chaussures, un chapeau), un ennui interminable, la recherche de trésors dans un trou noir et l'attente de ce qui ne viendra jamais.Vous pourriez appeler cela absurde, laid ou morbide. Mais moi je dirais plutôt que c'est un des exercices les plus difficiles : Faire jaillir de tous nos malheurs la beauté qu'ils pourraient cacher, autant que possible, En attendant Godot…


Extraits:
"Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent."

"Un beau jour, je me suis réveillé, aveugle comme le destin. (Un temps.) Je me demande parfois si je ne dors pas encore."



10/07/2011

Gatsby le magnifique - Francis Scott Fitzgerald

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Gatsby le magnifique - Francis Scott Fitzgerald
Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald est apparu la première fois en 1925 en langue anglaise.

Le livre: Gatsby est un homme jeune en apparence mais au fond, il aurait presque fini de vivre sa  vie. D’ailleurs, il ne vit plus que pour voir se réaliser son rêve le plus cher. Son quotidien, sa maison, ses relations et ses sentiments nous sont décrits à travers les yeux de Nick Carraway, son voisin qui s’est trouvé intrigué par le personnage de Gatsby et qui, au fur et à mesure, apprendra à le connaitre, mieux que personne.
Fitzgerald réussit dans ce roman à nous retransmettre une vie bourgeoise américaine sur fond de musique jazz. Pour arriver à ses fins, il préfère les profils de ses nombreux personnages plutôt qu'à une critique directe, ce qui finalement donne son charme au roman.

Extraits:
"J'espère qu’elle sera idiote. Pour une fille, c’est la meilleure place à tenir sur terre – celle d’une ravissante idiote."

Et les deux dernières phrases que je m'abstiens de mettre ici pour ne pas gâcher le plaisir de les lire, pour ceux qui le feront :).

21/06/2011

L'attentat - Yasmina Khadra

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L'attentat - Yasmina Khadra
L'attentat de Yasmina Khadra est apparu la première fois en 2005 en langue française. 

Le livre: L’attentat raconte la descente en enfer d’un chirurgien palestinien naturalisé juif qui croyait vivre sa vie longtemps rêvée ; Amine mariée depuis dix ans à Sihem vit dans le luxe à Tel-Aviv. Couple en apparence heureux et parfait, un attentat terroriste va un jour tout basculer.
Pourquoi des gens qui possèdent l’essentiel iraient se faire déchiqueter en morceaux dans un restaurant où des enfants célèbrent une fête ? Que deviennent les sentiments de compassion et d’empathie face à un combat spirituel et une guerre pour la dignité ?
Le conflit israélo-palestinien est exposé ici comme il peut l’être dans plusieurs autres œuvres mais ici Yasmina Khadra « ose » accentuer le regard de ceux qui ont choisi la mort comme arme de combat. L'horreur des actes djihadistes nous renvoient à un jugement subjectif des faits mais en fin de compte cette même horreur ne représente-elle pas un miroir de la réalité ? Est-ce l'acte en lui-même qui est absurde ou ce qui l'a fait déclencher ?
Autant de questions que nous pousse le livre à nous poser.

Extraits:
"Il n'y a que deux extrêmes dans la folie des hommes. L'instant où l'on prend conscience de son impuissance, et celui où l'on prend conscience de la vulnérabilité des autres. Il s'agit d'assumer sa folie, ou de la subir."

"On ne choisit pas son destin, mais c'est bien de choisir sa fin. C'est une façon démocratique de dire merde à la fatalité."

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